Analyse Belgique-Arménie, le symbole d'un football féminin encore à trois vitesses
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La Belgique a battu son record et même le record d'écart entre deux nations féminines européennes ce mardi en battant l'Arménie ... 19-0. Au-delà du score hallucinant, un tel match doit être vu sous le prisme particulier du football féminin.
Un football féminin déséquilibré
Le football féminin est en plein développement, en plein boom. De plus en plus de nations se professionnalisent, et les scores-fleuves se font rares entre nations du top mondial. Mais la poule qualificative des Red Flames est en réalité un parfait condensé de la situation actuelle : alors que le Kosovo, l'Albanie et l'Arménie évoluent dans "leur" propre division, un voire plusieurs crans en-dessous de la Belgique, la Pologne et la Norvège, un écart est également constatable entre la Norvège elle-même et ses "rivales" pour la première place.
Plutôt que de football "à deux vitesses", on devrait donc parler de football à trois vitesses. L'écart entre le top 15 mondial et ce qui se trouve au-delà est réel - comme quand les Flames se font dominer par les Pays-Bas ou la Norvège - mais une troisième catégorie existe, celle des "petits poucets", qui prennent des gifles comparables à celles que subissaient Saint-Marin, Andorre ou le Liechtenstein à une époque. En Asie, en Afrique, en CONCACAF, on retrouve encore parfois ces écarts de niveau chez les hommes, mais ils sont aplanis par des tours préliminaires de qualification, qui évitent aux petites nations, pas à niveau (et qui n'ont peut-être pas vocation à l'être, comme les pays océaniens spécialisés dans le rugby ou les pays africains n'ayant pas les moyens de progresser), de se retrouver confrontées aux plus grosses sans aucun intérêt sportif.
C'est affolant, c'est vrai. Mais rappelons, comme il faut le faire, que le foot féminin est au stade de développement du foot masculin il y a 2 siècles (on se comprend). #BELARM https://t.co/tbGyD9GORf
— Alexandre Braeckman (@ABraeckman) November 25, 2021
L'un de nos confrères (RTL Sport) soulignait de manière intéressante que le stade d'évolution du football féminin était comparable à celui du football masculin au début du siècle précédent. Problème : à l'époque, les plus petits pays ne disputaient pas encore de rencontres internationales, ce qui rendait les écarts moins visibles. L'Arménie, amateure (rappelons que nos Flames le sont en bonne partie!) et novice, peut participer aux qualifications parce qu'en 2021, le monde est bien plus interconnecté qu'il y a un siècle. Prêtes ou pas prêtes, les femmes de tous pays peuvent jouer dans la cour des grandes. Et s'y faire gifler, ce qui ne sert personne. La France, qui a écrasé la Grèce (10-0) et l'Estonie (11-0), l'a constaté. "Il y a plein de sélections qui ne sont pas encore prêtes. Le fossé se creuse car certaines nations se développent à grands pas, et d’autres plus lentement. Ça fait des groupes de niveau très dispersés", déclarait Farid Benstiti, ancien coach des femmes du PSG et de l'OL, dans Le Parisien.
Quelles solutions pour régler ce souci, du moins au niveau européen ? Une "Ligue des nations" féminine, qui placerait les équipes dans différentes divisions selon le stade d'évolution de leur football et donc leur niveau en évitant des écarts trop criants ? Des qualifications à plusieurs tours comme sur d'autres continents chez les hommes ? Se mettre la tête dans le sac et nier que le spectacle de ce jeudi à Den Dreef ait été gênant n'a en tout cas pas beaucoup de sens. Penser le football féminin, c'est aussi penser ses particularités et comment les surmonter ...
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