Interview Christian Bracconi laissé à quai par Virton : "Comme les joueurs, mis devant le fait accompli ..."
Le sort des joueurs de l'Excelsior Virton occupe l'actualité depuis plusieurs mois : la plupart des cadres et des talents gaumais ont retrouvé de l'embauche. Mais Christian Bracconi, qui a emmené l'Excelsior vers une 2e place de D1B au général, est resté discret.
La saga de l'Excelsior Virton n'est pas encore arrivée à son terme, mais une chose est sûre : tout le bénéfice d'une saison extraordinaire, inespérée de la part des Gaumais s'est désormais évaporé. La cote de sympathie du "petit poucet" devenu grand et frôlant la montée en D1A s'est effondrée au fil de recours judiciaires à répétition, laissant les joueurs sur le bas-côté. Mais pas seulement eux : Christian Bracconi, arrivé en décembre 2019 à Virton, est resté à quai au terme de la saison. Walfoot a contacté l'ancien entraîneur de l'Excelsior.
Mr Bracconi, pouvez-vous nous décrire votre situation actuelle, quelques mois après une fin de saison anticipée et la saga que l'on connaît à Virton ?
Ma situation est simple : mon contrat expirait en juillet et je suis donc au chômage en France depuis cette date. Dès mars, comme tout le groupe, j'ai naturellement été placé au chômage par le club de Virton. Puis les contacts avec la direction ont cessé progressivement ...
Au terme de votre contrat, il n'y a eu aucune discussion pour évoquer un éventuel avenir ?
Non, les seules discussions que nous avons eues avec Alex Hayes concernaient le volet financier, afin de savoir si le club me paierait ce qu'il me devait. Je n'ai eu aucune nouvelle du président Flavio Becca, ce qui est tout de même surprenant. J'ai été logé à la même enseigne que les joueurs : Virton m'a placé devant le fait accompli.
Êtes-vous resté en contact avec les joueurs ? Eux ont quitté le navire progressivement après avoir été laissés dans le doute. Comprenez-vous leur décision ?
Je suis en contact avec plusieurs d'entre eux, oui, et je suis content de voir qu'ils percent dans d'autres clubs comme le RWDM, l'Union, Charleroi ou même au Luxembourg. Évidemment, je les comprends. J'avais proposé à l'époque d'organiser une réunion via Zoom avec la direction afin de clarifier la situation, cela avait été refusé. Nous avions ensuite prévu des séances d'entraînement et plusieurs avaient refusé d'y participer, car ils n'avaient plus l'impression de devoir quoi que ce soit au club, malgré leur sympathie pour moi. Je les comprends tout à fait.
Les entraîneurs sont trop peu protégés en Belgique et deviennent le premier fusible
Je ne sais même pas s'ils avaient le droit de quitter Virton, car ils avaient tout de même un contrat. Le club les poursuit ? C'est tout de même le monde à l'envers. Vous avez des jeunes talentueux, qui ont la chance de retrouver un club. Ils ne demandaient qu'à jouer au football et seraient même restés volontiers à Virton s'ils avaient pu ... C'est ubuesque.
Votre situation personnelle est tout de même étrange : le coach d'un des meilleurs clubs de D1B, avec de l'expérience et de bons résultats la saison passée, qui se retrouve au chômage tout l'été ...
C'est le football. Parfois, vous êtes au fond du trou et un coup de fil inattendu vous offre une opportunité ; parfois, vous faites du bon boulot, tout va bien et vous vous retrouvez sans rien au bout du chemin. On connaît le foot et toute son incohérence, ce n'est pas une science exacte. Le travail effectué avec mon staff aurait mérité une certaine reconnaissance.
Avez-vous reçu des offres, vous donnez-vous une date-butoir ?
J'ai reçu quelques offres, notamment en Afrique, mais ma préférence irait à l'Europe. J'attends la fin de l'année, c'est généralement à ce moment qu'un second "mercato des entraîneurs" se met en place. Je cherche juste un projet qui me parle, peu m'importe le niveau, même si la National 2 en France me propose quelque chose d'intéressant, je ne l'écarterais pas. Mon réseau est intéressant et je reste patient.
"L'avantage" dans votre situation, c'est qu'en Belgique, la valse des coachs est permanente. Ce qui est moins agréable quand on est en poste, bien sûr ...
Oui, on sait que le roulement est régulier en Belgique, ce qui n'est pas autant le cas en France car les mécanismes de protection des coachs y sont plus nombreux. En Belgique, les entraîneurs sont bien moins protégés et deviennent le premier fusible que les clubs font sauter en cas de mauvais résultat. Ca ne veut pas dire que j'attends le licenciement d'un confrère avec impatience, mais c'est comme ça.
Personne ne gagne à une telle façon de fonctionner : les clubs restent dans l'instabilité, les coachs sont sous pression et les joueurs se disent : "De toute façon, si ça ne va pas avec ce coach-ci, il sera viré et je jouerai avec le suivant". Ce qui s'est passé avec Thorup et Bölöni à Gand est un exemple criant.
Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot