L'alphabut de Dupk : la lettre E

Dirk Diederich
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L'alphabut de Dupk : la lettre E
Photo: © SC

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Voici la lettre E comme Escrimeur, mais surtout comme Entraineur.

L'entraineur? Albert Cartier me le définissait ainsi : "Un entraineur doit d'abord et par définition être entrainant".

 

Et Cartier l’est, car c’est lui qui m’a entrainé dans le tourbillon du football. Aujourd’hui, j’en partage son obsession.


Le bon entraineur tient de l'alchimiste, du meneur d'hommes. Il compose, il associe, il équilibre, il puzzle, il scrabble des mots à 100 points comme : rangetesgourmettes, laissetonegoauvestiaire ou le fameux lefootestunjeuàonze .


Souvent ancien joueur lui-même, il connait les ficelles d'un monde de Pinocchios qui se croient affranchis du monde des pantins articulés. Lui, cependant, il a un vécu. Un parcours.La plupart du temps un parcours  de joueur rude, inflexible, tenace et enragé. Certes, il y a des exceptions. N’empêche, le portrait robot des bons entraineurs que j’ai cotoyés, c’est Clint Eastwood matiné parfois d’élégances à la Leonardo Di Caprio. Ils sont en général taillés dans une pierre qui face aux bourrasques des vents mauvais leur donne un air de marbre, même s’ils commandent un raffiot genre Titanic.


Dans le monde du football professionnel, l’entraineur se retrouve à la tête d'un groupe de trente jeunes hommes dans la force de l'âge. Le jour du match, il y a onze places qu'il doit fourrer au chausse-pied de la psychologie et de l'efficacité. Résultat : dix-neuf déçus, dix-neuf espoirs brisés et quelques agents de joueurs contrariés devant la perte de valeur marchande de leurs protégés.


Si Chopin écrivait : « Bach est un astronome qui découvre les plus merveilleuses étoiles. Beethoven se mesure à l'univers. Moi, je ne cherche qu'à exprimer l'âme et le coeur de l'Homme » le bon entraineur de foot serait plutôt un assembleur de boulons de différents calibres qui vissent et expriment son système de jeu. Parce que onze Ronaldinhos ne donneront jamais une équipe, sauf à marée basse à la plage.

 

Prenez d’ailleurs les photos d’équipe. Que remarque-t-on pour les équipes les plus compétitives ? On y observe une galerie de têtes de joueur typées, presque jusqu’à la caricature. C’est à se demander si par hasard les bons entraineurs ne font pas passer des castings au faciès. Parce qu’il y a toujours dans leurs onze  immortalisés trois ou quatre gueules de tueur. Deux ou trois tronches de roublards fanfarons. Une ou deux belles gueules. Et enfin deux trois bouilles de braves types sympas rappellant celle du voisin qui propose aimablement de sortir vos poubelles.

 

Le bon entraineur est un équilibriste.

Il est seul, toujours en point de mire des sarcasmes, rarement des éloges. Constamment, il est en position éjectable. Aucune sécurité d’emploi. Nibe. Que dalle. Les directions de club sont toutes puissantes. Pire, elles sont capricieuses et condescendantes pour montrer que l’entraineur leur mange dans la main. Les supporters l’adulent quand le club est champion. Ils le vouent aux gémonies dans la défaite.

 

C’est pourquoi il est des métiers plus simples comme par exemple arroseur de pâquerettes, anesthésiste de téléspectateurs sur Arte, saboteur à l'Union Belge de football, voire encore berger de troupeaux d'escargots.

 

Mais sans entraineur, le joueur de football ne pourrait reprendre les mots d’Arnold Palmer, le golfeur américain : "Plus je m'entraine, plus j'ai de la chance"

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