Analyse Le derby de la peur va au Standard

Comme dans tout bon match au sommet, on a eu droit au traditionnel round d’observation. Chaque équipe se regardait en chien de faïence et ne se découvrait que très peu.

Après un bon quart d’heure, les Zèbres commençaient à sortir du bois. Bien aidés par le tandem axial Oulmers – Kagé, supérieur à celui formé de Defour et Witsel, les Carolos prenaient peu à peu l’ascendant. Ceux-ci se procuraient deux belles possibilités, mais le score restait vierge à la pause.

De son côté, le Standard était décevant, Mbokani ne touchait que très peu de ballon et Carcela était bien bloqué par un Chakouri très appliqué. Seule lueur dans grisaille, un Dalmat assez actif et percutant, mais manquant de soutien.

Après la pause, les choses s’accéléraient. Non pas le rythme, mais on voyait tout de même un champion de Belgique plus incisif. Sur une belle action, Dalmat (en photo ci-contre) était isolé et faisait 0-1. Les Rouches prenaient l’avance sur leur première réelle occasion et surtout, sur leur première vraie phase de jeu.

Menant au score, les Liégeois reculaient dans leur partie de terrain et attendaient leurs opposants. Charleroi, lui, était déboussolé par l’ouverture du score et ne parvenait pas à se dépêtrer du marquage adverse, incapable de hausser le tempo. Le remplacement de De Camargo, blessé, par Nicaise, était déjà un signal fort de la part de Lazlo Bolöni (en photo du haut) : Il fallait défendre.

Coup de tonnerre à la 65e, lorsque sur une incursion sans réel danger, Diallo provoquait un penalty et permettait à Defour de doubler la mise. D’un coup, d’un seul, l’équipe visiteuse reculait encore de plusieurs mètres. Choix assurément néfaste, car même face à un Sporting K.O. debout, les Standarmen permettaient à leurs hôtes de les assiéger sans pour autant subir une pression quelconque.

Comme d’habitude dans ce cas de figure, les efforts des attaquants étaient récompensés. Un centre appuyé de Pelé, mal dégagé, était repris victorieusement par un Thereau (en photo ci-contre) pourtant à côté de ses pompes jusque là. A force de jouer avec le feu, le Standard s’était brûlé et c’était maintenant les joueurs locaux qui mettaient le feu.

Survoltés par ce goal, les hommes de Craig poussaient et parvenaient à arracher un nouveau but par Kere, après une nouvelle phase confuse dans le rectangle. Et oui, les Rouches avaient oublié de jouer et se mordaient maintenant les doigts.

Dans une furia incommensurable, le dernier coup d’envoi était donné. Et là, coup de théâtre. Au lieu de foncer vers l’avant pour abattre la bête blessée et en proie aux doutes après avoir encaissé deux fois en dix minutes, Charleroi redescendait à son tour pour murer son rectangle. La leçon prise par la Cité Ardente n’avait pas été retenue par la Ville Noire.

Dernière seconde de jeu, un Sporting positionné trop bas, perdait un duel aérien et cela permettait à Witsel d’offrir trois points à ses couleurs.

En définitive, nous avons assisté à un beau derby avec quelques retournements de situation inespérés. Mais au niveau du jeu et tactiquement, les spectateurs ont vu deux formations évoluant avec la peur au ventre. C’est justement cette anxiété qui a permis de vivre de tels renversements.

Le Standard a joué petit bras mais l’a emporté. Un succès comme celui-là pourrait (devrait ?) rendre confiance au tenant du titre. Pour sa part, le RCSC n’a pas démérité, loin de là. Mais perdre une rencontre comme cela, fait typiquement partie des « tics » de clubs descendants. Espérons que les Noirs et Blancs en soient débarrassés dans les semaines à venir, car Roulers et Lokeren, vont à coup sûr, reprendre du poil de la bête.