Les secrets de Claude Onesta

Olivier Baute
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Les secrets de Claude Onesta
Photo: © SC

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Serge Gehoulet, récent champion en P2 liégeoise avec Richelle United, mais également ancien membre du staff technique du Sporting de Charleroi et entraineur principal à l'AS Eupen, nous fait le plaisir de partager quelques conseils et astuces qu'il a accumulé durant plus de 20 ans de coaching.

Claude Onesta enchaîne depuis plus de 12 ans les exploits à la tête de l'équipe de France de handball. Découvrez les secrets du manager le plus titré dans un sport collectif (le handball) toujours à l'écoute et prêt à déléguer.

Management 1 : s'adapter à un nouvel environnement.

"J'ai dû m'entourer d'un staff, ce qui était d'ailleurs une demande des joueurs."

Lorsque Claude Onesta prend la tête de l'équipe de France de handball en 2001, la tâche s'annonce rude, les Français viennent d'être sacrés champions du monde pour la deuxième fois. Difficile en outre de succéder à Daniel Costantini, élu meilleur entraîneur de tous les temps par la Fédération internationale de handball. Une prise de poste d'autant plus compliquée qu'elle s'est effectuée à une époque où le handball opérait sa mutation en délaissant l'amateurisme.

S'il n'a pas tout balayé d'un revers de la main, Claude Onesta a dû procéder à quelques ajustements pour pouvoir composer avec un environnement toujours plus exigeant. "La professionnalisation du handball ne me permettait plus de fonctionner seul, à l'instar de mon prédécesseur, explique Claude Onesta. Je me suis très vite entouré d'un staff, ce qui était d'ailleurs une demande des joueurs."

"Il ne faut pas tirer de conclusion hâtives par manque de résultats, le travail finit par payer."

Les premiers temps ont été difficiles à vivre, les résultats n'étaient pas au rendez-vous. Claude Onesta confie qu'il a fallu faire le dos rond. "Devoir composer avec le manque de résultats sans tirer de conclusions hâtives est une nécessité car, à la fin, le travail finit par payer", confesse-t-il. Un credo qui lui a permis de digérer l'élimination au second tour des Championnats d'Europe 2002 pour rebondir dès les Championnats du monde 2003, avec une médaille de bronze à la clé.


Management 2 : déléguer pour se concentrer sur l'essentiel.

Pour Claude Onesta, qui se considère plus comme un manager que comme un entraineur, le succès des tricolores est avant tout celui d'une équipe : le staff et les joueurs. "Je délègue beaucoup et laisse toute latitude à mes collaborateurs dans leurs missions, même si à la fin, j'arbitre", confesse-t-il dans un sourire. Une équipe, c'est avant tout une addition de compétences et le rôle du manager, tel un chef d'orchestre, est de réussir à tirer le meilleur de chacune d'entre elles. Une notion très importante dans un sport collectif tel que le handball.

"Ne pas avoir la tête dans le guidon me permet de construire sur la durée."

Un tel mode de fonctionnement permet à Claude Onesta de se décharger du quotidien pour se concentrer sur l'avenir de l'équipe, déterminer ce qui pourra l'améliorer et la faire avancer. "Ne pas avoir la tête dans le guidon en permanence me permet de recueillir un maximum d'informations, de faire attention aux petits détails... pour pouvoir m'atteler à l'essentiel de ma tâche : construire sur la durée." En déléguant la direction des entraînements, il peut observer en détail l'attitude de chacun des joueurs et déceler d'éventuelles baisses de régime ou problèmes psychologique. Un petit plus qui peut faire la différence le jour J et lui permettre de parer aux défaillances.


Management 3 : responsabiliser les joueurs

Claude Onesta a su responsabiliser les joueurs.

Plutôt que d'imposer sa loi, Claude Onesta a préféré laisser une partie des clés de la maison aux cadres de l'équipe de France. Il a pour cela créé une cellule de réflexion et les a associés à certaines décisions. "Les joueurs ont besoin d'être responsabilisés pour devenir acteurs à part entière. Bien sûr, ne pas tout diriger génère une part d'incertitude, une incertitude qui peut s'avérer aussi bien angoissante que surprenante, notamment pour l'adversaire", confesse-t-il. Pour pouvoir s'assurer de l'adhésion d'une équipe, il est nécessaire de l'impliquer dans le projet et ne pas se contenter de lui faire appliquer les décisions prises en amont.

"Les joueurs ont besoin d'être responsabilisés pour devenir acteurs à part entière."

Lorsque l'on se borne à tout encadrer et contrôler, on privilégie l'efficacité à court terme au détriment de la motivation sur la durée. "En construisant ensemble, on est peut-être confronté à quelques écueils supplémentaires, lors de la mise en route, confesse Claude Onesta mais l'engagement obtenu, le supplément d'âme généré, font que cela s'avère être un pari gagnant." Un choix d'autant plus logique qu'il compose avec des joueurs rompus aux exigences du haut niveau, des professionnels qui disposent d'une réelle expérience qu'ils peuvent mettre au service du collectif. Chacun apporte sa pierre à l'édifice et contribue au succès du groupe.


Management 4 : poser les règles d'entrée de jeu.

"Il faut dès le début annihiler tous ces petits éléments qui peuvent faire échouer un projet."

Les joueurs qui évoluent en équipe nationale sont habitués à avoir un temps de jeu substantiel dans leurs clubs respectifs. Leur annoncer qu'ils seront principalement confinés au banc dans les matches internationaux n'est pas chose aisée. C'est pourtant indispensable pour préserver l'équilibre du groupe, entre titulaires et remplaçants. "Il faut dès le début de l'aventure annihiler tous ces petits éléments qui peuvent faire échouer le projet", confie Claude Onesta. "Cela commence par faire en sorte que les joueurs se battent contre l'adversaire et non pas les uns contre les autres." En faisant preuve de transparence et en définissant les rôles de chacun, Claude Onesta s'assure que tous ses joueurs sont bien mobilisés et en accord avec le projet mis en place.

"Je demande aux remplaçants de respecter, lorsqu'ils sont sur le terrain, le projet de jeu défini plutôt que de chercher l'action qui les fera sortir du lot." Claude Onesta leur fait comprendre que, même si leur statut ne changera pas du jour au lendemain, ils apportent eux aussi leur pierre à l'édifice. Le manager préserve ainsi un subtil équilibre entre sens du collectif et performance individuelle. Une alchimie qui lui permet depuis 12 ans déjà de collectionner les titres.

 

A méditer : « l’accompagnement individuel est la garantie d’un soutien optimal au joueur » (Serge Gehoulet)

Sportez-vous bien ! A la semaine prochaine ….

Serge Gehoulet

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