Comment gérer les remplaçants?
Photo: © SC
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Serge Gehoulet, ancien membre du staff technique du Sporting de Charleroi et ancien entraineur de l'AS Eupen, partage son vécu et ses expériences du coaching. Chaque semaine, il vous fera découvrir un aspect de cette corporation.
Le paradoxe pour l’entraineur est qu’il cherche à dégager une équipe-type tout en gardant son groupe mobilisé et motivé.
La stabilité, les automatismes et la confiance sont les gages d’une continuité positive des résultats. Néanmoins la concurrence est nécessaire pour éviter un relâchement et une certaine suffisance synonyme de régression. D’autre part, les joueurs qui jouent peu doivent rester concernés par le projet d’équipe, mais doivent rester également en bonne condition physique.
Le joueur qui est remplaçant ou qui joue peu est dans un état psychologique que l’entraineur doit prendre en compte. Il peut être frustré, déçu, revanchard ou découragé. Il comprend rarement les raisons de cette non sélection.
Un entraineur peut se tromper dans ses décisions, dans ses analyses, mais il doit toujours garder un maximum d’honnêteté envers ses joueurs. Jamais ils ne recevront une des critiques qui leur est destiné par la bouche d’une autre personne que celle du T1 ; il faut établir un rapport d’honnêteté avec tous les joueurs. Pas d’intermédiaire.
L’entraineur doit toujours disposer de 2 ou 3 raisons pour chaque décision qu’il a prise ; laisser toujours la porte de votre vestiaire ouverte si les joueurs désirent connaitre ces raisons.
Le monde a beaucoup évolué, le joueur est désormais bien mieux instruit, plus intelligent, plus exigeant. Il y a 30 à 40 ans, un entraineur un peu intelligent et un peu cultivé dominait intellectuellement et culturellement ses joueurs, ceux-ci n’avaient pas toujours la capacité de comprendre le « pourquoi du comment » ; les choses ont bien évolué !
Ci-dessous, quelques conseils pour vous aider dans la gestion de ces joueurs « fragilisés » qui jouent moins ou qui sont « remplaçants » en début match :
Etablir certaines règles permettant de clarifier certains choix posés.
Au niveau amateur, intégrer la régularité et la ponctualité aux entrainements dans les critères de sélection des joueurs permet d’instaurer une discipline de groupe et de justifier simplement des choix de joueurs. « Tu as manqué 2 entrainements sur 3 cette semaine. Voilà pourquoi tu n’es pas titulaire ». Un écart de comportement ou des propos déplacés dans la presse vis-à-vis de l’équipe ou du club peuvent être également sanctionnés par une non sélection. A charge ensuite à l’entraineur de se tenir aux règles fixées pour le groupe afin qu’aucun sentiment d’injustice ne se développe (même quand le meilleur joueur est concerné !) ; l’équité envers tous les joueurs du groupe doit être permanente.
Le groupe avant le joueur.
Utiliser un vocabulaire qui donne la part belle au collectif et à l’esprit d’équipe. La tâche est ardue dans un contexte ou l’individualisme et les intérêts personnels sont exacerbés. Petit conseil : éviter de parler de remplaçants, mais plutôt de joueurs qui peuvent rentrer pour apporter un plus ou faire la différence.
Concrètement, l’entraineur doit montrer à tous les joueurs de la considération lors de la semaine d’entrainement, mais également le jour du match. Tous seront utiles au cours de la saison.
Les joueurs ont besoin de sentir l’estime du coach. Elle se manifeste par des encouragements, des marques d’attention et une volonté réelle de les faire progresser. Mais la priorité doit rester le jeu que l’équipe cherche à mettre en place pour gagner et ce projet de jeu doit intégrer tous les joueurs.
Dans les clubs de haut niveau, la problématique est également de garder les « remplaçants » au même niveau physique que les titulaires afin qu’ils soient prêts le cas échéant. Une augmentation des charges de travail sera programmée par davantage de répétitions, de séances plus longues ou d’entrainements supplémentaires.
Etablir une concurrence saine.
Les conflits viennent souvent des joueurs qui jouent peu. Cette tendance peut être limitée si les équipiers sentent que l’entraineur peut donner sa chance aux joueurs qui se battent et qui sont bons à l’entrainement. Au cours de la saison, le coach ne doit pas rater les occasions de faire tourner son effectif quand l’adversaire ou l’évolution du score le permet. Les joueurs se sentiront plus mobilisés. L’organisation de matches amicaux pourra également donner du temps de jeu aux joueurs « déficitaires ».
Communiquer avec parcimonie.
Parler aux joueurs est important pour éviter les malentendus, les incompréhensions, voire le sentiment d’injustice. Un joueur qui n’est pas dans le groupe ou qui perd sa place de titulaire préférera savoir pourquoi. La communication est toujours meilleure que les non-dits et peut permettre aux joueurs d’exprimer leur ressenti.
Néanmoins l’entraineur ne doit pas s’éterniser dans les explications car au final une grande partie des joueurs ne retiennent que ce qui va dans leur sens. Il faut éviter de chercher à se justifier ou de rentrer dans une polémique avec le « remplaçant ».
La priorité pour l’entraineur est de garder son énergie pour se concentrer sur ce qui fait gagner l’équipe.
A méditer : « faire confiance aux hommes, les accompagner dans leur manière de se transcender et de se découvrir plutôt que leur « aboyer » dessus continuellement » C. ONESTA
Sportez-vous bien !
Source : Stéphane Meyer/Serge Gehoulet
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