L'Alphabut : la lettre Q comme quatrième provinciale
Photo: © SC
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Dupk poursuit son alphabut en nous proposant aujourd'hui la lettre Q comme quatrième provinciale.
Q comme quatrième provinciale
« Nous invitons donc tous les joueurs qui ont été convoqués personellement pour l’équipe première à se présenter aux entrainements qui débutent ce jour. Nous invitons également tous les joueurs qui souhaiteraient nous rejoindre de venir au terrain à partir de 19 h 30′ le mardi et le jeudi. Cordiale invitation à tous les joueurs pour qui jouer est un plaisir ! »
(Page d’accueil du site internet du SC Clabecq)
Non, la Belgique n’est pas la quatrième provinciale de l’UEFA. Même si comme une bestiole troglodyte, elle évolue dans la cave du football européen, un ton en-dessous, quelques dizaines de millions d’euros plus bas, au niveau du talon d’Achile des Liga, des League, des Bundesliga. Elle est le do mineur du la majeur de la petite musique footballistique standardisée.
Mais la quatrième provinciale, c’est autre chose. C’est le quatrième de couverture où se retrouverait résumé la quintessence d’un livre sur le football. Le football y est un personnage de roi hirsute et dépenaillé d’une contrée sans caméras de surveillance ni de mouchards médiatiques. C’est presque le football sur les plages de Rabat ou sur les places poussiéreuses des villages d’Afrique. Sauf que les joueurs portent les couleurs d’un club et que la buvette est au moins aussi importante que le sac de ballons usés offerts trois saisons auparavant par l’épicerie du coin.
Les clubs de quatrième provinciale portent des noms aux intitulés qui semblent imaginés par un Prévert du foot : le WS Wommersom, le FC Suryoyés Bruxellois, le FC Negenmanneke, le Villers Matima A, Tilff, Oneutois, l’AS Snef-Tyber B, la Royale Entente Wartet ou encore le SC Clabecq qui clouent le bec à tous les pète-sec qui ravalent le football à un raout en espaces vip, ces véritables balafres lugubres qui défigurent de si nombreux stades.
Le SC Clabecq avec son q de quatrième provinciale en guise de panache en queue de nom est exemplaire. Club quadragénaire, ce cercle où ont débuté Michel Dewolf et Walter Baseggio, les enfants les plus célèbres des Forges, le SC Clabecq rame sur l’autre berge du canal tubizien. Il rame, il vogue à contre-courant des eaux grises qui pleurent encore leurs anciennes Forges majestueuses.
Michel Dewolf le rouge, le Diable rouge des années quatre-vingt et nonante, le teigneux, le caractère en acier trempé, a repris ce club au bord de la faillite. Il n’a d’autre ambition que de le faire exister, de maintenir en vie un espace social de bonne humeur. Il se pose en soudeur d’amitiés, avec son chalumeau de ténacité et d’investissements au quotidien. Le SC Clabecq revit. Il termine en queue de classement. Et alors ? Ce n’est pas un drame.
Le drame, c’est plutôt la perte tragique de son gardien de but, Philippe Van den Eynde, décédé dans l’accident de train de Buizingen. Philippe, le capitaine de l’équipe, garde désormais les cieux et l’âme de son club. De là-haut, sûr qu’il ne laissera rien passer, qu’il attrapera au bond les balles de découragement de ses équipiers qui perpétuent sa mémoire. Michel Dewolf n’a pas hésité un instant : le stade de Clabecq s’appelle à présent stade Philippe Van Den Eynde.
La quatrième provinciale est un village de Jacques Tati qui fleure encore le plaisir et le temps sacré d’un bon dimanche de convivialité. Dans la gagne comme dans la défaite, le verre d’après-match garde toute sa saveur. Santé à toutes les mères et à tous les pères courage de la P4!
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