L'Alphabut : la lettre p comme Parc Duden

Dirk Diederich
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L'Alphabut : la lettre p comme Parc Duden
Photo: © SC
Deviens fan de Union SG! 286

L'Alphabut de Dupk décline une nouvelle lettre : la lettre P comme dans Parc Duden, l'antre de l'Union St-Gilloise.

La lettre P comme Parc Duden

P ! J’avais d’abord songé au P de Playstation ! Ce père Lachaise du jeu à onze, cette tristesse virtuelle où tout est tellement léché que même les mouches de la fadeur vous collent à la peau dans la bave de la lélèche qui vous a éclaboussé l’épiderme.

Playstation ! Station de jeu ! Terre minus ! Tout le monde descend ! C’est le limbo de l’imagination.

Mais non, le P,- putain !-, c’est le Parc Duden, l’antithèse du godemichet informatisé précité. Le Parc Duden et son stade Joseph Mariën, c’est « Le bonheur est dans le pré » de Paul Fort.

"Le bonheur est dans le pré,

cours y vite, cours y vite,

le bonheur est dans le pré,

cours y vite il va filer".

Merveille champêtre, sourire d’elfe dans un quartier populaire bruxellois, bonbonne d’oxygène, Eden de pierres et d’arbres, le stade Joseph Mariën devrait être la norme rigoureuse et incontournable  qui seule octroie la licence UEFA.

La Belgique veut la Coupe du Monde en 2018 ou en 2022 ? Qu’elle comprenne enfin qu’elle a déjà son stade pour la finale. Inutile d’en construire un autre sinon des répliques inspirées, des variations sur le thème à Liège, à Anvers, à Gand, à Bruges et à Charleroi.

Aujourd’hui, le dossier de la candidature belge est béton mais banal à mourir.  Avec un stade Joseph Mariën comme couronne Art-Déco en en-tête, le dossier mondial belge redorerait enfin son blason et épaterait le monde des vrais passionnés du ballon rond d’ivresse.

Car en pénétrant cette enceinte immédiate, vous voilà aussitôt père d’émotions inégalées accouchées par des tribunes tellement fertiles et tout en contractions. Le football y est sage-femme. Les pompes-à-bières y délivrent de la gueuze bénite dans laquelle le supporter baptise ses enthousiasmes de nouveau-né éternel.

Le Stade de l’Union St-Gilloise est un cratère, un cratère vivant de feu et de lave qui saisit l’agitation du temps éphémère pour en faire un mouvement divin exposé au Pompei des monuments de l’humanité. Le feu y couve encore. Jusqu’à petit feu, la chaleur humaine y demeure telle que même le chaudron de Sclessin par comparaison n’est qu’un verre d’eau tiède déposé sur le chevet de lit où Luciano D’Onofrio laisse tremper de nuit son dentier de carnassier interlope.

Le Joseph Mariën sera toujours épargné des poussières de l’âge, des rides et des ridicules creusées par les directions parfois maladroites qui y squattent. Seul stade de football digne de ce nom dans la capitale de l’Europe, il est la Scala de tous les opéras à baballe, le théâtre antique exemplaire qui rend en toc tous les blocs de béton cernant un espace  vert minable où on fourgue comme dans une bétaillère  les veaux à écharpes qui paient pourtant au prix fort leur voyage au bout de l’ennui.

Je donnerais volontiers un billet gagnant de la loterie nationale pour pouvoir me perdre à jamais dans le dédale des couloirs qui parcourent la tribune dessinée par l’architecte Albert Callewaert. Ecrin de clairs et d’obscurs qui permet tous les jeux d’ombre et les jaillissements de lumière, escaliers qui vous font gravir un à un tous les échelons de l’orgasme suprême, pièces à vitraux art-déco, club house en sorte de catacombe primitive où dansent les flammèches des cierges de fraternité, cette tribune tient du paradis sur terre. Orphée y serait entré, jamais il ne se serait retourné pour revoir son Eurydice du ronron quotidien.

Le stade du Parc Duden a la forme d’une bague précieuse. Je me la suis passée à jamais au doigt.

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